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Pourquoi le prompt engineering n’est pas un métier d’avenir

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Dans les couloirs feutrés des conférences tech, on ne jurait que par lui. Sur LinkedIn, des milliers de profils s’en paraient comme d’un badge d’honneur numérique. Le prompt engineering, cette compétence née dans l’ombre des modèles de langage, s’est imposée avec la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine : bruyamment, rapidement, et en cassant quelques certitudes au passage. Mais derrière l’effervescence médiatique et les promesses de reconversion express vers un avenir radieux se cache une réalité bien plus nuancée. Entre marketing de la complexité artificielle et réalité du terrain, plongée dans l’anatomie d’une bulle professionnelle en formation.

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Le nouveau langage du pouvoir technologique

Sam Altman lève les yeux au ciel quand on lui pose la question lors d’une conférence à San Francisco. Non, tout le monde n’a pas besoin d’apprendre à « prompter ». La technologie devrait s’adapter à l’humain, pas l’inverse. Pourtant, son entreprise, OpenAI, a involontairement créé un nouveau secteur économique : celui des experts en formulation d’instructions pour l’intelligence artificielle.

Une contradiction qui illustre parfaitement le décalage entre vision long terme et opportunisme commercial immédiat. Car pendant que les architectes des grands modèles travaillent à rendre leurs créations plus intuitives, une armée de consultants, formateurs et influenceurs s’est constituée pour vendre l’art complexe de dialoguer avec des machines qui sont censées comprendre le langage humain. Écoles privées et créateurs de contenu flairent la manne : entre avril 2023 et mai 2025, Udemy reference plus de 500 cours estampillés « Prompt Engineering », dont des “masterclass” garanties sans une ligne de code.

L’industrie de l’IA a ainsi créé un problème pour mieux vendre sa solution. Une situation qui n’est pas sans rappeler ces logiciels volontairement complexes des années 90, nécessitant des formations coûteuses, avant que l’ère du design d’expérience utilisateur ne vienne simplifier drastiquement les interfaces.

Le prompt engineering n’est pas tant une innovation qu’une étape transitoire, un échafaudage temporaire pendant que nous construisons le bâtiment principal. C’est ce que laissent entendre plusieurs chercheurs de l’industrie. Personne ne le dit publiquement, mais l’objectif est clair : rendre cette compétence obsolète à terme. Cette tension fondamentale mérite qu’on s’y attarde. D’un côté, il est fondamental de savoir communiquer efficacement avec les systèmes d’IA pour en tirer la quintessence. De l’autre, cette compétence est vendue comme un métier d’avenir alors que tout indique qu’elle pourrait être l’une des expertises technologiques à la durée de vie la plus courte de l’histoire récente.

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L’illusion de la simplicité : pourquoi parler aux machines reste un art complexe

« Demandez simplement ce que vous voulez à ChatGPT ! » proclament les publicités. Une promesse de simplicité qui masque une réalité bien différente pour quiconque a tenté d’utiliser ces outils pour des tâches complexes ou spécifiques. La vérité, c’est que dialoguer efficacement avec l’IA générative relève encore largement de l’artisanat, voire parfois de l’alchimie.

Un responsable marketing chez un grand groupe français l’a appris à ses dépens lorsque son équipe a intégré l’IA générative dans leur flux de travail. On a commencé par croire que c’était intuitif, comme nous le vendent les campagnes marketing. Six mois plus tard, la réalité s’est imposée : formation spécifique pour trois personnes dans l’équipe, car le fossé de productivité entre ceux qui savaient formuler leurs demandes et les autres devenait un problème managérial concret.

Les modèles d’IA souffrent d’angles morts cognitifs que seule une compréhension fine de leur fonctionnement permet de contourner. Ces subtilités du dialogue homme-machine échappent aux néophytes et créent une asymétrie de pouvoir que l’industrie de la formation s’est empressée d’exploiter.

Plusieurs entreprises ont d’ailleurs investi massivement dans l’intégration d’outils d’IA générative sans formation adéquate, pour des résultats parfois désastreux. Des campagnes marketing générées par IA qui virent au fiasco linguistique, des contenus inappropriés publiés sans vérification humaine, des réponses automatisées qui embarrassent la marque sur les réseaux sociaux. La litanie des échecs s’allonge à mesure que la technologie se déploie sans la compétence correspondante. Les directeurs techniques reconnaissent après coup qu’ils pensaient que c’était comme Google, qu’il suffisait de demander. L’apprentissage se fait dans la douleur et à grands frais.

La maîtrise du dialogue avec l’IA reste donc une compétence complexe, nécessitant une compréhension des modèles, de leurs limites et de leurs biais inhérents. Mais cette complexité, bien réelle aujourd’hui, justifie-t-elle l’émergence d’un nouveau métier dédié ?

Formation au prompt engineering : entre nécessité pédagogique et opportunisme commercial

C’est dans ce contexte de complexité perçue que s’est développé un écosystème contrasté de formations au dialogue homme-machine. D’un côté, des programmes pédagogiques rigoureux répondant à un besoin réel de compétences ; de l’autre, une prolifération de certifications express aux promesses démesurées. La distinction entre ces deux approches rappelle étrangement l’écart entre journalisme d’investigation et clickbait : même sujet, mondes différents.

« Devenez Prompt Engineer Certifié en seulement 12 heures – Salaire moyen : 175000€/an » – cette publicité, aperçue sur Instagram, illustre la face problématique du marché de la formation IA. Elle soulève une question légitime : comment une expertise présentée comme stratégique pourrait-elle s’acquérir en un weekend ?

Ce paradoxe révèle une tension fondamentale dans l’écosystème  actuel. Les formations sérieuses, conçues par des pédagogues expérimentés, coexistent avec un marché parallèle de certifications accélérées surfant sur l’anxiété professionnelle. Les premières construisent des compétences durables; les secondes vendent souvent l’illusion d’une expertise instantanée.

Dans les forums spécialisés et sur Twitter, les témoignages illustrent ce clivage pédagogique. On y croise des professionnels satisfaits par des formations structurées et méthodiques, mais aussi des déçus ayant investi dans des promesses creuses. Un ancien développeur évoque ces « certifications express » à 2 500 euros complétées en trois jours. Le contenu, bien que pertinent, aurait pu tenir dans un e-book à 30 euros, le reste relevant davantage du packaging marketing que de la valeur pédagogique réelle.

Cette dualité du marché formatif reflète une réalité plus large : l’acquisition de compétences IA oscille entre nécessité éducative authentique et phénomène de mode. Les formateurs sérieux construisent des ponts cognitifs durables entre l’humain et la machine, tandis que d’autres surfent sur la vague de l’anxiété professionnelle collective.

Car ne nous y trompons pas : derrière l’engouement pour ces formations se cache souvent une peur existentielle face à la transformation du travail. La rhétorique de nombreuses offres de formation s’apparente parfois davantage à une forme de thérapie professionnelle qu’à un véritable transfert de compétences. « Apprenez le prompt engineering ou devenez obsolète » – ce message implicite résonne comme une menace plutôt que comme une promesse d’émancipation par la connaissance.

Cette économie de la formation express prospère sur un terreau fertile : l’anxiété professionnelle face à l’IA. Car derrière le désir d’apprendre se cache souvent la peur d’être remplacé, de devenir obsolète. Les vendeurs de certifications l’ont bien compris et ont développé une rhétorique quasi messianique : maîtriser le prompt engineering, c’est assurer son avenir professionnel. Presque une question de survie dans l’écosystème darwinien du marché du travail.

Cette promesse repose toutefois sur un postulat fragile : que cette compétence reste suffisamment complexe et rare pour justifier un statut professionnel dédié. Or, l’histoire des technologies nous enseigne une leçon différente.

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Le dilemme de la démocratisation contrôlée

Les créateurs d’IA naviguent dans une ambivalence stratégique fascinante. D’un côté, ils travaillent à démocratiser l’accès à leur technologie – c’est la promesse fondamentale de l’IA générative. De l’autre, ils maintiennent une forme de complexité qui justifie l’expertise et, surtout, les abonnements premium.

Cette stratégie de démocratisation contrôlée crée un environnement instable pour quiconque voudrait bâtir une carrière durable sur le prompt engineering. Les interfaces évoluent si rapidement que les formations d’hier deviennent obsolètes à une vitesse vertigineuse. Tel formateur vedette qui vantait sa méthode infaillible pour ChatGPT-3.5 se retrouve à devoir réécrire entièrement son cours trois mois plus tard pour l’adapter à GPT-4.

L’économie de l’anxiété technologique se nourrit de cette obsolescence programmée. Chaque mise à jour majeure d’un modèle relance le cycle : nouvelles formations, nouvelles certifications, nouveaux livres blancs expliquant pourquoi tout ce que vous saviez n’est plus valable.

Pendant ce temps, les entreprises développant ces technologies poursuivent leur marche inexorable vers une simplification de l’interaction. Google Bard devient Gemini et introduit des fonctionnalités qui automatisent certains aspects du prompt engineering. Claude d’Anthropic affine sa compréhension des instructions ambiguës. GPT-4o comprend mieux le contexte et les intentions implicites.

L’analogie s’impose d’elle-même : vendre aujourd’hui des formations au prompt engineering, c’est comme commercialiser des cours pour apprendre à utiliser un GPS en 2005. Une compétence momentanément nécessaire mais vouée à s’effacer progressivement à mesure que la technologie s’améliore, jusqu’à devenir pratiquement invisible pour l’utilisateur final.

Le futur ambigu : entre disparition et mutation

L’horizon technologique dessine un avenir où le prompt engineering tel que nous le connaissons aujourd’hui pourrait devenir aussi pertinent que la connaissance des commandes DOS à l’ère des interfaces tactiles : une compétence de niche, utile dans certains contextes spécialisés, mais largement automatisée pour le grand public.

Plusieurs avancées techniques pointent dans cette direction. Les modèles multi-agents, où des IA communiquent entre elles pour affiner les requêtes, commencent à émerger. Les interfaces adaptatives, qui apprennent les préférences des utilisateurs et reformulent automatiquement leurs demandes, se multiplient. Les assistants contextuels, capables d’inférer l’intention au-delà des mots exprimés, gagnent en précision.

Face à cette évolution, les prompt engineers d’aujourd’hui se trouvent à un carrefour existentiel. « J’ai commencé à me présenter comme « architecte d’expérience IA » plutôt que prompt engineer », confie Samira, consultante indépendante. « Ce n’est pas juste une question de sémantique. C’est reconnaître que le métier se déplace de la formulation précise vers la supervision stratégique. »

Ce déplacement des compétences semble être la trajectoire la plus probable. Le prompt engineering pur, centré sur la syntaxe et la structure des instructions, cède progressivement la place à une expertise plus large englobant la conception d’expériences IA, l’orchestration de systèmes complexes et l’intégration de l’humain dans la boucle décisionnelle.

Des niches durables subsisteront probablement. Dans les secteurs hautement réglementés comme la santé ou la finance, où la précision et la conformité sont essentielles, des spécialistes continueront à affiner méticuleusement les instructions données aux systèmes d’IA. Dans la recherche fondamentale, la capacité à explorer les limites des modèles via des prompts sophistiqués restera valorisée.

Mais pour la majorité des professionnels actuellement séduits par le mirage du prompt engineering, l’adaptation sera nécessaire. Et elle passera probablement par une compréhension plus profonde des enjeux cognitifs sous-jacents à l’interaction homme-machine.

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Le véritable enjeu : la maîtrise du dialogue homme-machine

Au-delà de la technique pure du prompt engineering se cache un enjeu plus fondamental et durable : comment penser pour être compris par des machines qui simulent la pensée ? Cette question philosophique et pratique transcende les spécificités syntaxiques qui obsèdent tant les formations actuelles.

Car le cœur du prompt engineering ne réside pas dans la maîtrise de formules magiques ou de structures syntaxiques particulières, mais dans la compréhension profonde des modèles d’IA. Il s’agit moins d’apprendre à parler à une machine que de comprendre comment elle traite l’information, quels sont ses biais, ses angles morts et ses forces.

Cette perspective révèle les compétences durables cachées sous l’appellation trompeuse de « prompt engineering » : pensée systémique, compréhension des biais cognitifs, logique formelle, psychologie appliquée, éthique algorithmique. Des compétences qui, contrairement à la connaissance de syntaxes spécifiques, conserveront leur valeur même lorsque les interfaces auront radicalement évolué.

Cette évolution reflète une vérité fondamentale : à mesure que l’IA devient plus accessible, la valeur se déplace de la maîtrise technique de l’outil vers la capacité à l’intégrer stratégiquement dans des contextes humains complexes. Une dynamique que nous avons déjà observée avec d’autres révolutions technologiques.

Vers une littératie IA plutôt qu’un métier isolé

L’histoire des technologies numériques est jalonnée de spécialités qui ont brillé intensément avant de se fondre dans le paysage professionnel général. Au début du web, être « webmaster » constituait un métier à part entière, combinant design, développement et gestion de contenu. Aujourd’hui, ces compétences se sont spécialisées ou, au contraire, sont devenues des prérequis dans de nombreux postes.

Le prompt engineering semble promis à un destin similaire : non pas disparaître complètement, mais se transformer en une compétence transversale plutôt qu’une profession à part entière. Une composante de ce qu’on pourrait appeler la « littératie IA », cet ensemble de savoirs et savoir-faire permettant d’interagir efficacement avec les systèmes intelligents.

« Dans trois ans, nous n’aurons plus de ‘prompt engineers’ dans nos équipes », prédit le directeur de l’innovation d’un grand groupe média. « Non pas parce que la compétence n’aura plus de valeur, mais parce qu’elle sera intégrée dans le socle commun de compétences de nos rédacteurs, designers et développeurs. »

Cette évolution vers une compétence diffuse plutôt qu’un métier spécifique remet en question l’investissement massif dans des formations ultra-spécialisées. L’avenir appartient probablement moins aux experts techniques du prompt qu’à ceux capables d’adapter continuellement leur expertise aux évolutions rapides des interfaces et des capacités des modèles.

Entre nécessité réelle et bulle spéculative, la frontière reste aussi floue que la définition même de cette expertise émergente. Mais une chose est certaine : dans le dialogue homme-machine qui s’intensifie, comprendre comment se faire comprendre par une IA sera une compétence précieuse, qu’on l’appelle « prompt engineering » ou qu’on lui trouve un nom moins éphémère, plus représentatif de sa place dans l’écosystème des savoirs numériques du XXIe siècle.

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