Avec l’IA, n’ayez pas peur : osez la polygamie
Publié le 10 mars 2025
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L’engouement pour l’IA générative est palpable et omniprésent. En tant que formateur, la question la plus fréquente qui m’est posée est « quelle est la meilleure IA ? ». Bien que légitime, cette interrogation est souvent réductrice et trop fermée.
Consultez les benchmarks, puis oubliez les !
Ah, les fameux benchmarks. Ces tests soi-disant objectifs qui vous vendent du rêve en affirmant que GPT-4o est meilleur que Claude, qui est lui-même supérieur à Mistral, et ainsi de suite. Laissez-moi vous dire un secret : c’est à moitié du bullshit. Ces comparaisons simplistes se contentent de mesurer des compétences spécifiques dans des conditions idéales, oubliant la complexité du monde réel.
Prenons, par exemple, les résultats de MMLU ou TruthfulQA. Sur le papier, ChatGPT affiche des scores incroyables. Pourtant, ces chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. Ces tests standardisés se font dans un environnement contrôlé, sans prendre en compte des éléments essentiels comme l’adaptabilité aux demandes imprévues ou la qualité de l’interaction sur le long terme. Et puis concrètement, qui dans son usage de ChatGPT lui pose des questions mathématiques ?

Chaque IA a ses points forts, ses faiblesses et ses spécificités varient selon le contexte d’utilisation. Claude, par exemple, peut se révéler exceptionnel pour rédiger un texte nuancé et éthique, mais se planter complètement sur un problème de maths complexe. À l’inverse, GPT-4 peut résoudre brillamment un problème de code tout en hallucinant sur des faits historiques. Certains modèles qui paraissaient « inférieurs » selon les benchmarks surpassent parfois les champions toutes catégories dans des tâches réelles et parfois bien particulières.
Au-delà des chiffres, il y a l’expérience utilisateur. Est-ce que l’interface est pratique ? Est-ce que le modèle comprend vraiment votre façon de communiquer ? Est-ce qu’il répond dans un délai raisonnable et dans le style qui vous correspond ? Aucun benchmark ne mesure ces aspects, pourtant essentiels au quotidien.
Ce constat démontre que, si les benchmarks fournissent une première évaluation utile, ils ne remplacent en rien une expérimentation en conditions réelles. Les tests mesurent des critères quantifiables (rapidité, cohérence, ou précision) mais ils passent à côté de la véritable expérience d’usage : l’interaction humaine, l’adaptation aux contextes imprévus et la pertinence subjective des réponses. Alors, avant de se fier aveuglément à ces chiffres, prenez le temps de tester chaque IA dans votre environnement et selon vos besoins spécifiques. C’est là que réside la véritable valeur ajoutée, loin des comparaisons simplistes et réductrices.

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Entre Claude et ChatGPT mon cœur balance
J’ai, comme beaucoup d’autres, un abonnement payant à ChatGPT, mais soyons honnêtes : environ une fois sur deux, Claude se débrouille mieux que le prodige d’OpenAI (peu importe la version). Ce n’est pas systématique ni scientifique, c’est mon expérience brute.
ChatGPT, avec sa rapidité à répondre aux questions simples, excelle dans la gestion de tâches courantes et jouit d’une immense base d’utilisateurs. Mais dès qu’il s’agit d’aborder des demandes nuancées ou de tenir des conversations longues et complexes, Claude prend souvent l’avantage. Par exemple, dans des tests en situation de support client, Claude a montré une cohérence et une pertinence de réponse supérieures sur des échanges dépassant les 20 interactions, alors que ChatGPT semblait parfois perdre le fil et montrer des signes de fatigue contextuelle.
Ce qui est fascinant, c’est que sur certaines questions précises, l’écart de performance est sidérant. Claude peut répondre parfaitement à des interrogations où GPT-4 pataugeait, et vice-versa. D’où l’intérêt de ne pas se contenter d’un seul outil, mais d’avoir les deux sous la main pour adapter l’approche en fonction du besoin. Et il en va de même pour l’analyse de fichier PDF ou Excel.
Et côté création visuel ?
Attention, dans ces quelques lignes nous n’aborderons pas les spécialistes de la discipline comme Midjourney & co et nous resterons centrés sur les agents conversationnels en mesure de produire des visuels.
Si vous utilisez exclusivement ChatGPT ou Copilot (les 2 utilisent Dall-e) pour générer vos images, sachez que ce n’est pas l’idéal. Bien sûr, si votre entreprise vous impose l’une de ces 2 solutions, vous avez des circonstances atténuantes. Des modèles comme Mistral et Grok produisent des visuels dont la qualité artistique et le degré de réalisme sont souvent supérieurs.
Grok et Mistral ont cette capacité à saisir l’intention créative derrière un prompt (même vague), alors que Dall-e, bien qu’efficace techniquement, reste parfois prévisible, moins créatif et avec ce grain qui « sent l’IA »

Perplexity : de la révolution à la normalisation
À l’époque où ChatGPT, Gemini, Copilot et Claude nous répondaient uniquement à partir de leurs connaissances préchargées (souvent obsolètes), Perplexity est arrivé avec une approche hybride géniale : il naviguait sur le web en temps réel, récupérait des informations fraîches, et les organisait dans une réponse conversationnelle, tout en citant précisément ses sources.
C’était comme avoir un assistant de recherche ultra-compétent qui non seulement vous trouvait l’info, mais la structurait et vous l’expliquait. Plus besoin de jongler entre Google et ChatGPT : Perplexity faisait les deux en même temps. Sa force résidait dans cette capacité à trouver des informations récentes, précises, et à vous indiquer d’où elles venaient. Mais aujourd’hui la donne a changé. Presque toutes les grandes IA ont intégré des capacités similaires. Et tous ont adopté la pratique de citer leurs sources, rendant moins unique ce qui faisait la force de Perplexity.
Et côté français, impossible de ne pas évoquer le fameux partenariat « Cocorico » entre Mistral et l’AFP. Ce duo gagnant combine la technos de pointe de Mistral avec l’exigence journalistique de l’AFP. Résultat : une IA qui n’est pas seulement un moulin à texte, mais un véritable outil d’info fiable et en temps réel.
Ici la leçon est claire : dans le monde de l’IA, l’avantage concurrentiel est temporaire. Ce qui était révolutionnaire hier devient le standard d’aujourd’hui. C’est pourquoi il faut constamment explorer, tester, et rester à l’affût des innovations.
Les modèles chinois : la menace fantôme pour l’Occident
Enfin, ce serait indécent d’ignorer la montée en puissance des modèles chinois. Trop souvent relégués au second plan, des outils comme Qwen et Deepseek se révèlent être de redoutables compétiteurs. Ces modèles, forts d’algorithmes innovants et d’un accès massif aux données, rivalisent désormais en tout point avec leurs homologues occidentaux.
Concrètement Deepseek talonne aujourd’hui de ChatGPT en tests de compréhension linguistique, et se distingue par une efficacité redoutable dans la gestion de contextes multilingues. Leur rythme d’amélioration est effarant : pendant que certains leaders occidentaux mettent des mois (et des milliards) pour déployer une mise à jour majeure, ces modèles chinois évoluent à une cadence qui force à repenser la domination actuelle. Ne soyez donc pas surpris si, dans quelques années, la pointe de l’innovation IA se situe désormais en Chine.
Pourquoi utiliser en parallèle plusieurs IA ?
Il est nécessaire de ne pas se contenter d’un seul outil, même si celui-ci vous semble être la solution miracle. Franchement, s’en tenir à une seule IA, c’est comme se persuader que le beurre salé est la seule matière grasse digne d’intérêt. Sauf si vous êtes breton, vous savez que l’huile d’olive a par exemple une autre saveur et d’autres qualités.
L’expérimentation est donc la seule manière de découvrir quelle IA correspond le mieux à notre besoin à un instant T (car en plus elle évoluent). C’est en sortant de votre zone de confort, en lançant le même prompt sur plusieurs IA, voire en envoyant le contenu généré par l’un à un autre pour voir comment il est retravaillé, que vous pourrez jauger leur véritable valeur.
N’écoutez pas ceux qui vous vendent du rêve avec des chiffres aseptisés issus de benchmarks qui ne vous donnent qu’une partie de l’équation. C’est en testant, en confrontant les réponses dans des conditions réelles que vous verrez la différence. Vous constaterez que, dans la pratique, certains modèles se dégonflent, alors que d’autres, peut-être moins en vue sur les tests, vous épateront par leur pertinence et leur adaptabilité. Osez multipler les essais, confrontez les IA entre elles et jugez par vous-même. C’est en osant expérimenter sans complexe que vous découvrirez l’outil qui va réellement transformer votre manière de travailler.
Et la souveraineté, la sécurité, les biais et l’écologie, on en parle ?
Enfin, au-delà des fonctionnalités et des chiffres qui vendent du rêve, il faut aussi regarder ce qui se passe derrière le rideau. On ne peut pas se contenter d’une IA qui fait le job sans se poser quelques questions sur la souveraineté et la sécurité des données. En tant que citoyens, il est essentiel de savoir où vont nos données, comment elles sont traitées et surtout si le modèle respecte notre vie privée.
Parlons aussi des biais et de l’éthique. Les modèles d’IA, aussi brillants soient-ils, ne sont pas exempts de reproduire des biais, qu’ils soient culturels, linguistiques ou autres. Utiliser une IA, c’est aussi accepter de se confronter à ces questions et, idéalement, choisir des solutions qui s’engagent à réduire ces dérives. Un conseil, si Tiananmen, et les ouïghours ont de l’importance pour vous, oubliez Deepseek et Qwen.
Dernier point : l’impact environnemental. Les infrastructures qui soutiennent ces technologies consomment énormément d’énergie. Alors, en plus de comparer les performances, pourquoi ne pas aussi se pencher sur l’empreinte carbone des modèles que vous utilisez ? Le secteur de l’IA est volontairement très opaque concernant son impact sur l’environnement, néanmoins, retenez qu’il existe des modèles moins énergivores que d’autres.
Pour résumer, il existe une multitude de grilles de lecture à prendre en compte pour faire un choix éclairé : c’est votre droit et votre responsabilité de le faire.
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